Entrepreneur par défaut

Dites « Entrepreneur » et des mots comme « innovant », « preneur de risques », « futuriste » viendront à l’esprit. Dites « Entrepreneur » et une image de personne indépendante, innovatrice et positive prête à prendre en charge son avenir et prenant sans cesse le risque de transformer des idées en revenus viendront à l’esprit. Mais la plupart des micro-entrepreneurs dans les pays en développement ne correspondent pas vraiment à cette image : ils n’ont pas choisi d’être des entrepreneurs ; ils le font par défaut ou par nécessité, et non par choix. Ils préfèreraient être employés et recevoir un salaire régulier. La création et la gestion d’une petite entreprise sont très difficiles : il faut d’abord dépenser avant de vendre quoi que ce soit, et cet investissement initial est souvent payé avec des dettes qui ont un coût ; le revenu est irrégulier et jamais certain. Le niveau de risque financier est encore plus difficile à supporter en l’absence de filet de sécurité ou d’économies d’urgence. Gérer une entreprise implique d’avoir une vision et une planification à long terme – ce qui s’avère très difficile lorsque votre cerveau est occupé à 100% avec des objectifs très courts tels que nourrir vos enfants ce soir.
Les programmes de formation aux moyens d’existence et à l’entrepreneuriat doivent tenir compte de cette spécificité et ne se concentrer que sur les points essentiels : l’entreprise gagne-t-elle de l’argent : le moindre objectif est que le micro-entrepreneur s’assure qu’il ne perd pas d’argent et ne s’appauvrisse pas plus. Le suivi des dépenses professionnelles et personnelles et des revenus séparément et la réconciliation quotidienne de l’argent liquide sont des compétences clés. La gestion de trésorerie est également vitale : prévisions des rentrées et sorties d’argent, tenue d’un registre de crédit et suivi du paiement des clients. Gérer les relations avec les membres de la famille élargie qui sont souvent des clients et des fournisseurs, voire des employés, est un autre défi à inclure dans un atelier de formation. Puis, à mesure que ces compétences de survie sont consolidées, votre programme peut aller plus loin et permettre aux micro-entrepreneurs de commercialiser leur expérience pour trouver un emploi, envisager un avenir au-delà de la journée de demain et planifier en conséquence. Et pour les quelques vrais entrepreneurs, offrez un programme plus complet pour les aider à transformer leur activité d’indépendant en une entreprise qui créera des emplois.

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