Dans ce webinaire exceptionnel, nous avons partagé nos 20 ans d’expérience en éducation financière. L’éducation financière repose sur des postulats fondamentaux qui ne correspondent pas à la réalité de la plupart des gens.
- Maîtriser les petites dépenses auxquelles on ne prête pas attention peut améliorer sa situation financière. C’est en grande partie faux… Dans de nombreux cas, les gens, notamment ceux à faibles revenus, gèrent leurs dépenses, mais ce sont les grosses dépenses, comme les frais de santé ou les dépenses imprévues – qui deviennent plus fréquentes avec le changement climatique – qui impactent réellement leur situation financière. Les engagements financiers, en particulier le loyer et les dettes, représentent une part importante du budget. Lorsque des personnes dépensent pour des addictions, il s’agit davantage d’un problème de santé que d’un problème financier. Enfin, être consommateur aujourd’hui, c’est s’intégrer à la société. Demander aux gens de ne dépenser que pour les besoins essentiels revient à leur dire qu’ils n’auront jamais leur place dans notre société et à les exclure de notre monde « moderne ».
- L’épargne est présentée comme une accumulation d’argent. Le problème n’est pas de savoir comment épargner – car la plupart des gens, même ceux à très faibles revenus, savent comment faire. Le problème, c’est qu’ils doivent utiliser leur épargne pour les urgences ou les dépenses importantes. Ils ne peuvent pas accumuler d’épargne sur le long terme. L’accent ne devrait donc pas être mis sur la manière d’épargner, mais sur la manière de lutter contre le « désépargne », c’est-à-dire l’utilisation de l’épargne.
- L’endettement est présenté comme une décision individuelle, mais cela minimise la pression à s’endetter alors que l’environnement (physique et en ligne) propose constamment des prêts. Un autre problème réside dans le fait que l’éducation financière présente la dette comme l’opposé de l’épargne : lorsqu’on achète quelque chose, on peut épargner et l’acheter ensuite… ou emprunter et l’acheter immédiatement, mais cela a un coût sur les dépenses futures. Or, cela occulte un point important : pour beaucoup, la dette n’est pas une alternative à l’épargne, mais un substitut aux revenus, dans un monde où les revenus n’augmentent pas aussi vite que les dépenses.
- Générer des revenus signifie aussi générer des dépenses pour les consommateurs, ce qui revient à simplement transférer l’argent des particuliers vers les entrepreneurs au sein de communautés fermées. Cela signifie également générer des intérêts pour les prêteurs, car la plupart des petites entreprises ne sont pas suffisamment rentables pour rembourser les prêts, payer l’entrepreneur et conserver suffisamment de trésorerie pour leur fonds de roulement. Ces petites entreprises doivent donc contracter un nouveau prêt pour fonctionner. Ces intérêts impactent directement la rémunération de l’entrepreneur.
Comment adapter l’éducation financière à ces situations complexes et éviter les solutions simplistes et inefficaces ?
- Commencez par une évaluation approfondie des besoins du groupe cible. Laissez-les identifier et analyser leurs difficultés financières, et cartographier leur environnement financier.
- Trouvez des solutions avec eux, en sachant que certaines ne relèveront pas de l’éducation financière : par exemple, un programme d’aide au sevrage tabagique aura un impact plus positif sur leur situation financière qu’un programme de gestion budgétaire.
- Co-créez avec votre groupe cible des programmes qui abordent les problématiques essentielles. Intégrer l’éducation financière à d’autres programmes est souvent plus efficace que de traiter la finance comme un sujet distinct.
- La maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul est fondamentale : compétences juridiques et numériques, pour développer l’esprit critique et la prévention des risques (notamment les arnaques).
Plus d’infos dans notre vidéo :
